jeudi 4 août 2011

Enfermés Dehors

 "J'écoute très fort. L'air froid entre dans la Chambre. Si je sortais la tête de Petit Dressing, il y aurait Madame Porte en train de s'ouvrir et je parie que je pourrais voir les étoiles, les vaisseaux, les planètes et aussi les extraterrestres qui foncent dans leurs ovnis. J'aimerais tellement-tellement les voir."


Jack, qui vient de fêter ses cinq ans, est différent des autres enfants . Malgré des préoccupations certes similaires, Jack fait preuve d'une précocité impressionnante. Depuis sept ans, Jack vit seul avec sa mère, séquestré par Grand Méchant Nick dans ce qu'il appelle une Chambre. Une histoire à la Natacha Kampusch, sauf que des viols, naît un garçon que la mère tente de protéger du mieux qu'elle peut en instaurant un microcosme.  Une sphère où l'enfant va laisser libre cours à son imagination, une sphère peuplée d'objets prenant vie, de jeux, auxquelles s'ajoutent des règles et des rites. Jack ne se rend pas compte de l'abomination de la situation puisqu'il ne connaît que cette réalité. Fatiguée de cet enfer, sa mère va mettre au point une stratégie afin qu'ils s'échappent. Jack va faire en sorte que la grande évasion réussisse... cependant... la mère et sont fils vont connaître des difficultés pour s'adapter à leur nouvel environnement. Comment éprouver le monde extérieur ? Comment faire le deuil du passé pour permettre à nos deux miraculés d'avancer ? Beaucoup de questions et beaucoup d'émotions, sans guimauve bien-sûr, pour ce récit délicat sur la survie, la résistance et la résilience.
Un excellent roman pour sa qualité d'écriture -un roman des mots et du mal- avec une grande charge émotionnelle, inventif et empathique. Vous n'en ressortirez pas indemne (eh oui, j'avoue, je me suis allée à y laisser quelques larmes).
Un livre dont on va sûrement parler à la rentrée, au même titre que Purge de Sofi Oksanen, en 2010.


Room, Emma Donoghue, éd. Stock 21,50 €

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