jeudi 28 août 2014

Rentrée déjantée

Honte à moi, je viens de découvrir un classique, une perle de l'humour noir anglais comme je les aime. Il s'agit de Wilt ou comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore de Tom Sharpe (éd. 10/18).
Henry Wilt professeur de culture général en lycée technique se sent incompris par ses élèves, sa hiérarchie et sa femme, prête à toutes les excentricités. Prise d'une nouvelle folie s'appelant Sally et Gaskell, Mrs Wilt entraîne son mari chez ces américains peu recommandables et va connaître l'humiliation. Poussé à bout, cette soirée va révéler la vrai nature de Mister Wilt.
Un roman complètement foutrac, irrévérencieux, politiquement incorrect. Un pur moment de bonheur. Irrésistible !

Rentrée éxaltée


I'm back ! Toujours libraire dans ma tête mais pas en exercice, je savoure cette rentrée littéraire et fais ma curieuse afin de sélectionner les romans que je vais lire cet automne. Alors, j'ai choisi des auteurs que je suis depuis longtemps et un outsider chez Zulma. La Millie Liste se compose ainsi :

- Le règne du vivant d'Alice Ferney chez Actes Sud
- Et rien d'autre de James Salter à L'Olivier
- Marina Belleza de Silvia Avallone chez Liana Lévi (souvenez-vous du magnifique roman social d'Acier
- Goat Mountain de David Vann chez Gallmeister
- Fleur et sang du François Vallejo chez Viviane Hamy
- La ballade d'Ali Baba de Catherine Mavrikakis chez Sabine Wespieser
- Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin Wood chez Zulma
- Toute la terre qui nous possède de Rick Bass chez Christian Bourgeois
- Le fils de Philipp Meyer chez Albin Michel
- Oona & Salinger de Frédéric Beigbeder chez Grasset

jeudi 6 mars 2014

Tourner la page

C'est la fin de 5 années travaillées au sein de la librairie Chapitre qui n'est plus... Donc il est temps pour moi de faire une pause, de continuer de lire et peut-être de poster de temps en temps des coups de coeur sur ce blog. Merci aux lecteurs et aux personnes qui nous ont soutenus pour ce combat à savoir Mathilde, Medhi, Arnaud, la CGT, Mathieu, Cécilia et Chloé, aux clients, aux commerçants qui nous ont nourris... Cet élan de solidarité réchauffe nos coeurs engourdis. Il est temps de passer à autre chose, place à la création et à un nouveau blog où vous trouverez bijoux, déco, accessoires d'hiver... (labellerousseetlesgeorgettes.blogspot.) à bientôt j'espère...

Dernier chapitre d’une lutte locale

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Depuis le 10 février, Damien, Delphine, Séverine, Émilie et Aurélie se battaient pour obtenir des primes de licenciement décentes. Pendant 15 jours et 15 nuits, ces trentenaires et anciens salariés de la librairie tourangelle Chapitre ont occupé leur magasin dans la galerie commerciale de l’Heure Tranquille aux Deux-Lions.

Actissia : mépris et rendez-vous manqués

Pour la deuxième fois en quinze jours et malgré un premier rendez-vous infructueux (le 17 février, la direction n’avait pas daigné les recevoir), lundi 24 février, comme plusieurs dizaines de salariés des librairies Chapitres occupées de Nantes, Montbéliard, Évreux, Colmar, Lyon et Boulogne, Séverine et Damien sont allés manifester à Paris. Pour ces deux occasions, plusieurs ex-salariés de Virgin étaient venus les soutenir. Ce lundi 24, au siège du groupe Actissia (France-Loisirs), devait se tenir un Comité d’Entreprise extraordinaire à l’ordre du jour duquel était inscrite la discussion du plan social de licenciement.
Depuis le début de leur mouvement, la revendication des salariés, soutenus par la CGT, était simple : ils réclamaient des conditions décentes de licenciement (c’est-à-dire des indemnités de départ supérieures au minimum légal et des moyens en termes de formation et de reclassement).
Mais voilà, le rendez-vous tant attendu n’a rien donné. Les portes du Comité d’Entreprise ont été fermées aux salariés et la réunion en marge de ce dernier avec la direction n’a débouché sur rien, sinon un désintéressement qui confine au mépris.

Épilogue d’une occupation

Au soir du lundi 24, les ex-salariés de Chapitre se sont retrouvés pour la dernière soirée d’occupation. La déception était palpable devant le résultat de la journée. Après 15 journées de mobilisation permanente, il devenait de plus en plus difficile aux tourangeaux de cacher leur fatigue, et le groupe décida donc de mettre un terme à l’occupation. Tous exprimaient leur dégout face à l’attitude de la direction du groupe, qui fait visiblement plus grand cas de ses stocks que de ses "collaborateurs".
Le bilan de leur expérience chez Chapitre est amer. Leur travail a progressivement été dévalorisé. De libraires ou disquaires, ils ont dû devenir des vendeurs de produits plus ou moins culturels. Depuis des mois, faire entrer un nouvel ouvrage dans les références du groupe était devenu tellement laborieux que beaucoup avaient abandonné, réduits à proposer des best-sellers renouvelés tous les deux mois. Passionnés par leur métier, ils l’ont vu se dégrader lentement. Ce licenciement est donc le dernier affront qui leur est fait.
Ils tenaient néanmoins à remercier les anciens clients et les passants anonymes pour leurs nombreux témoignages de soutien. L’appel au boycott de France-Loisirs continue. Pour résilier votre abonnement en signe de soutien, vous pouvez trouver une lettre de résiliation pré-rédigée au bas d’un article précédent. Le 6 mars, le recours en justice des salariés licenciés sera jugé. Un rassemblement est prévu à Paris pour l’occasion. Certains Tourangeaux feront le déplacement, histoire de marquer une nouvelle fois leur détermination et tenter de faire valoir leurs droits.

Les affaires reprennent !

Le jour même de l’annonce de la "dés-occupation" par La Nouvelle République, l’activité reprenait dans le magasin des Deux-Lions : des dizaines de palettes avaient été livrées et des intérimaires s’affairaient pour s’occuper de l’enlèvement des stocks du magasin. Le temps était à présent compté : avec les quinze journées de retard liées à l’occupation, le patron du magasin de Tours ne disposait plus que de 72 heures avant d’être lui-même licencié.
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Moins de 24h après la "levée du siège", les intérimaires sont déjà au travail
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Les vitrines du magasin ont fait peau neuve...
Le contraste était saisissant : à la passivité méprisante du groupe pour ses anciens salariés s’opposaient soudain l’intérêt et le dynamisme pour la gestion des marchandises... Les vitrines du magasin étaient fraîchement nettoyées : pancartes et banderoles revendicatives gisaient en boules sur le sol. Leur témoignage discret était la dernière trace de l’occupation... Un chapitre s’était clôt.

Des « soucieux socialistes »

S’il est une chose que les ex-salariés retiendront, c’est bien cet élan de solidarité de la population tourangelle à l’égard de leur situation. Seuls certains élus locaux, en particulier Messieurs Jean Germain et Jean-Patrick Gille, ont su égaler la direction d’Actissia dans leur indifférence et leur mépris.
Dès le début du mouvement, le maire de Tours répondra aux abonnés absents : pas un geste, pas un coup de fil. Ce sont les occupants qui s’organisent pour se déplacer en centre-ville dans le cadre de la permanence de M. Germain, espérant être reçus. Effectivement, après s’être entretenus avec deux adjoints au maire, les salariés ont vu arriver Jean Germain en personne. Visiblement très concerné par le dossier et après avoir demandé à ses collaborateurs quels étaient les secteurs porteurs dans la région, il a suggéré aux ex-salariés de Chapitre de devenir, au choix, infirmiers (« Vous avez peur du sang ? Regardez ailleurs  ! »), ascensoristes (c’est bien ça, ascensoriste !) ou chauffeurs de poids lourds. Ex-salariés de Chapitre et adjoints ont rivalisé de gêne devant un tel comportement.
Jean-Patrick Gille a quant à lui envoyé son attaché parlementaire à la librairie le dernier jour de l’occupation (mieux vaut tard que jamais ?). Celui-ci s’est fendu en partant d’une tape sur l’épaule et d’un « Bon courage pour la suite ». Condescendance ou familiarité déplacée ? Jean-Patrick Gille s’est ensuite résolu à convoquer les ex-salariés le vendredi 28 février, quelques jours après la fin de l’occupation. Mais l’étonnement de ces derniers a touché à son comble lorsqu’ils se sont vu demander par M. le député le « pourquoi » de leur venue ! Alors que M. Gille est généralement décrit comme un spécialiste des questions d’emploi, il a simplement constaté son incapacité à intervenir (« Je ne peux rien pour vous ») et distribué de larges sourires aux ex-salariées de la librairie.
En ces temps de campagne électorale, ces attitudes n’ont pas manqué d’interpeller les jeunes licenciés. On imagine qu’ils garderont en mémoire la préoccupation et l’aide apportée par leurs élus locaux... Souhaitons qu’ils puissent prochainement leur rendre la pareille ! Le 28 février, le « Plan de Sauvegarde de l’Emploi » de Chapitre a été validé, sans surprise, par l’administration française et ses « soucieux socialistes ».
Saluons Delphine, Damien, Séverine, Émilie et Aurélie pour leur détermination et leur courage. Merci pour leur incroyable accueil, pour tous les moments partagés avec eux dans le magasin, pour leur bonne humeur, malgré les circonstances.
Gabriela, Antoine Marcireau, Caroline.

P.-S.

On notera également la belle erreur dans le communiqué d’Actissia sur le site d’actuaLitté qui écrit 
que : "l’attitude des représentants du personnel, qui avaient décidé de boycotter le Comité d’Entreprise du lundi 24 février, mettant en danger le paiement des indemnités légales des collaborateurs". (Le boycott des représentants du personnel n’affectait en aucun cas le paiement des indemnités...)

Des licenciés de Chapitre dorment dans le magasin 

11/02/2014 05:46
Sur les 17 ex-salariés de Chapitre de l'Heure tranquille, quatre ont « campé » cette nuit dans la librairie. Les autres ne veulent pas se mobiliser, « certains ont déjà tourné la page. » <i> </i> - Sur les 17 ex-salariés de Chapitre de l'Heure tranquille, quatre ont « campé » cette nuit dans la librairie. Les autres ne veulent pas se mobiliser, « certains ont déjà tourné la page. » &lt;i&gt; &lt;/i&gt;Sur les 17 ex-salariés de Chapitre de l'Heure tranquille, quatre ont « campé » cette nuit dans la librairie. Les autres ne veulent pas se mobiliser, « certains ont déjà tourné la page. » <i> </i>
Sur les 17 ex-salariés de Chapitre de l'Heure tranquille, quatre ont « campé » cette nuit dans la librairie. Les autres ne veulent pas se mobiliser, « certains ont déjà tourné la page. »
Ils refusent de “ partir avec des cacahuètes ”. En guise de protestation, ces ex-salariés vont occuper les locaux de la librairie de jour… comme de nuit.
Il est 21 h. A l'heure où la plupart des enseignes de L'Heure tranquille ont fermé leurs portes – à l'exception des restaurants –, on s'apprête à passer à table dans les locaux de Chapitre. Officiellement, la librairie n'existe plus depuis 20 h, heure de fermeture. Faute de repreneur, les 17 salariés du magasin se retrouvent sans emploi, avec une petite prime à la clé.
« Ça représente un mois de salaire, c'est une misère », déplore Séverine, ex-salariée. Elle n'est pas la seule en colère, à refuser ces conditions de départ. Comme elle, trois licenciés ont décidé d'occuper le magasin nuit et jour pour protester (lire ci-dessous). Les autres employés ne veulent pas se mobiliser, « ils ont déjà tourné la page. »
 Bloquer les stocks du magasin
Entre les piles de livres et les banderoles tout juste fabriquées, Émilie, une collègue, vient de déposer quelques victuailles. « On a demandé aux restaurateurs de L'Heure tranquille d'être solidaires avec nous… » La jeune femme est revenue avec quelques galettes et des barquettes de frites. Autour de la table, Séverine, Aurélie, Émilie et Damien s'apprêtent à passer leur première nuit, ensemble. Une forme de résistance originale. « Aurélie a ramené sa tente. Moi, j'ai appelé chez moi pour qu'on vienne m'apporter un duvet. »
Le directeur du magasin ferme les yeux. Et du côté de la direction de L'Heure tranquille ? « On nous a signalé qu'on n'avait pas le droit d'occuper les locaux la nuit. Les derniers gardiens s'en vont après minuit trente. On verra bien ce qu'ils vont faire. Nous, on ne bouge pas. »
Ces quatre ex-salariés de Chapitre ont « la niaque ». Jeunes (entre 27 et 35 ans), ils ont travaillé pendant plusieurs années au Smic, sans 13e mois, ni prime. Ils sont prêts à rester jusqu'à jeudi. « On verra après la réunion avec le liquidateur prévu ce jour-là. »Leur moyen de pression ? « Bloquer le stock des magasins, il y en a pour 11 millions d'euros, au total dans l'ensemble des Chapitre, explique Séverine. Normalement, ils vont faire appel à des intérimaires pour mettre les livres en carton et les renvoyer au siège. On va empêcher ça. »
Un téléphone vibre dans le silence du grand magasin. C'est le conjoint d'une licenciée qui vient d'envoyer un message : « Bon courage pour ce soir". 
Neuf magasins occupés
> A l'appel du syndicat CGT, plusieurs librairies Chapitre étaient occupées cette nuit par les salariés : Montbéliard, Belfort, Nantes, Boulogne- sur-Mer, Douai, Tours, Lyon, Colmar et Évreux. Le mouvement devrait se prolonger jusqu'à jeudi.
> Sur les 57 librairies Chapitre de France, 23 se retrouvent sans repreneur, dont celui de Tours.
Pascaline Mesnage

Des nouvelles de l’occupation de la librairie Chapitre

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Placées en liquidation judiciaire le 2 décembre, les 57 librairies du réseau Chapitre avaient été autorisées à poursuivre leur activité jusqu’au 10 février. A Tours, mais aussi dans 9 autres villes, les salariés de la librairie ont choisi d’occuper leur lieu de travail pour protester contre les termes du licenciement qui leur est imposé.

Les conditions de licenciements

Depuis le 10 février, les salariés tourangeaux de Chapitre ont pris possession des lieux. Ils protestent contre des conditions de licenciement inacceptables. Comme dans 23 autres magasins du groupe Actissia [1] en France, aucune offre de reprise n’a été proposée pour la librairie de l’Heure Tranquille. La direction se propose d’octroyer une prime de licenciement ne dépassant pas le minimum légal. C’est évidemment inacceptable du point de vue des salariés qui occupent et retiennent les stocks du magasin en espérant être entendus et obtenir une prime décente.
Les vitrines sont placardées d’affiches dénonçant la situation. Quelques drapeaux de la CGT, syndicat impliqué dans cette lutte, flottent aux portes. Une caisse de soutien en carton est posée sur un présentoir près de la porte d’entrée. Les (rares) passants s’arrêtent, lisent les affiches et glissent parfois un mot de soutien.

L’occupation s’organise à Tours

A l’intérieur du magasin, une tente, quelques matelas, une grande table avec quelques victuailles et du café. Les salariés s’activent pour contacter et recevoir la presse, préparent des rendez-vous avec des politiques locaux, prennent des nouvelles des autres salariés en lutte à Douai, Évreux, Tarbes, Montbéliard, Lyon, Boulogne-sur-Mer, Colmar, Nantes et Belfort.
Pendant que certains réalisent de nouvelles pancartes, d’autres en profitent pour établir des listes de courses et préparer la prochaine nuit à passer dans la galerie commerçante. Certains en profiteront pour passer le temps en lisant : après tout,« le stock c’est des livres, pas des nouilles ! ».

Appel à manifestation nationale devant les boutiques France Loisir

Demain, les (futurs-ex) salariés du groupe sont invités à manifester devant la boutique France Loisir la plus proche de chez eux. A Tours, dans un premier temps, un tractage sera organisé auprès des passants dans la galerie des Deux-Lions.

    Notes

    [1Le groupe est numéro deux de la distribution du livre en France avec, notamment France Loisirs et Chapitre.com.

    Chapitre.com : ils campent toujours

    12/02/2014 05:35
    Les salariés se sont organisés pour tenir jusqu'à jeudi. - Les salariés se sont organisés pour tenir jusqu'à jeudi.Les salariés se sont organisés pour tenir jusqu'à jeudi.
    Les salariés se sont organisés pour tenir jusqu'à jeudi.
    Le combat des salariés de Chapitre.com s'est poursuivi, hier, dans les locaux du magasin de L'Heure tranquille appelé à disparaître prochainement. Depuis lundi (voir NR d'hier).
    Les salariés ont décidé d'occuper les locaux pour protester contre le faible montant de la prime de licenciement proposée et contre le recours à des intérimaires pour vider les lieux.
    Après une nuit passée sur des matelas à l'intérieur du vaste espace commercial, Damien, Séverine, Delphine, Émilie ou encore Aurélie débattaient, encore hier, du prochain comité d'entreprise exceptionnel au cours duquel le PSE doit être examiné.
    Les salariés tourangeaux de Chapitre.com ont fait partager leur colère à la population à travers des pancartes affichées en vitrine. « On ne s'attendait pas à une liquidation aussi rapide, commentent les salariés. Et c'est outrageant de partir avec des primes aussi dérisoires après des années d'ancienneté. C'est de l'irrespect. »
    Soutenus par des clients mais aussi par les autres commerçants de L'Heure tranquille et par l'Union départementale CGT, les salariés mobilisés ont également été reçus, hier après-midi, par Marie-France Beaufils, la sénatrice-maire de Saint-Pierre-des-Corps. Les salariés continuent à occuper les locaux du magasin jusqu'à jeudi.


    Il s'appelle Jörg Hagen et il a le mérite de n'avoir aucun scrupule. En pleine rentrée littéraire, le patron de la filiale française du trust allemand Bertelsmann, qui règne sur les 59 librairies du réseau Chapitre.com (n°2 après la Fnac), vient d'accorder une interview tintinnabulante à «Livres Hebdo».
    Il ne parle plus de livres, mais de « produits », plus de lecteurs, mais de «clients». Il condamne la variété de l'offre, obsédé qu'il est par «la diminution des stocks». Son objectif? «Vendre plus de best-sellers en les valorisant dès l'entrée du magasin !» C'est un businessman très séduisant.
    Dans « Fahrenheit 2010 » (Stock, 16 euros),Isabelle Desesquelles le surnomme «Blondinet». Il est petit, nerveux, a«une voix de poulie qui grince» et, soucieux de rentabilité, «se fiche éperdument des livres».
    Romancière sensible, Isabelle Desesquelles dirigeait la célèbre et centenaire librairie Privat, à Toulouse, que le groupe de Jörg Hagen a rachetée en 2005. En mars dernier, elle a demandé à être démissionnée. Elle avait l'impression de devenir «une poubelle». Ce métier qu'elle aimait tant, qu'elle pratiquait si bien, le big boss de Chapitre.com (rebaptisé ici Lachaîne) l'a dénaturé et l'en a dégoûtée.
    Elle croyait à la vertu du temps, qui finit par récompenser les beaux textes aux tirages confidentiels ; elle voyait sa librairie comme «un lieu où le texte, né d'un tumulte intime, puisse respirer un peu». On lui a ordonné d'en faire un supermarché, d'y vendre en priorité «le Journal d'un vampire» et des piles de «livres burgers», de porter un gilet orange et de placer des cartes de fidélité.
    Aujourd'hui, elle n'a plus de travail, mais elle a sa dignité. Erri De Luca, Marie Ndiaye et Jean-Paul Dubois, ses écrivains de chevet, viennent de perdre leur meilleure passeuse. Ce que Jörg Hagen préfère appeler «une caissière».
    Jérôme Garcin


    Librairie Chapitre : une semaine d'occupation pour cinq libraires tourangeaux

    Dimanche 16 février 2014 à 17h09

    Lundi 10 février à 20 heures, la librairie Chapitre de l'Heure tranquille fermait définitivement ses portes, faute de repreneurs. Depuis, cinq des 17 employés occupent les locaux nuit et jour. Ils retiennent les stocks de livres en espérant être entendus par la direction du groupe.

    Les ex-employés de la librarie Chapitre de Tours.  © Fanny Bouvard - Radio France
    Leur librairie devait tirer le rideau définitivement lundi 10 février à 20 heures. Mais cinq des 17 employés de la boutique Chapitre du centre commercial de l'Heure tranquille ont décidé d'occuper les locaux, répondant à un appel lancé par la CGT. A présent, la devanture de la librairie est recouverte d'appels à la solidarité et d'affiches retraçant l'histoire et la faillite de Chapitre. En France, en ce moment selon la CGT, des salariés de 10 librairies du groupe s'enferment nuit et jourdans leur librairie avec un seul objectif : retenir les stocks pour obtenir de meilleures indemnités.
    "J'ai cinq ans d'ancienneté et on me propose comme seule indemnité un mois de salaire. Certes c'est légal mais franchement c'est honteux, on dirait une aumône," raconte Séverine, une ancienne employée de Chapitre.
    "Nos dirigeants considèrent qu'on fait des soirées pyjama"
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    Séverine, ex-employée de Chapitre, au micro de Fanny Bouvard
    D'après le compte de la CGT, les stocks des boutiques occupées représenteraint 11 millions d'euros"Largement de quoi mieux nous indemniser," souligne Delphine, libraire depuis 14 ans.
    Pourtant, "tenir le siège" comme le dit Delphine, n'est pas de tout repos. Entre des rayons à moitié vides, ils ont installé des tentes et des matelas gonflables. Dans la salle de pause et les toilettes des employés, ils ont de quoi s'organiser: un micro-onde, un frigo et de l'eau. "Mais on se relaie, raconte Damien. Ne serait-ce que pour rentrer chez nous prendre une douche."
    La vitrine de la librairie Chapitre de l'Heure tranquille à Tours.  © Radio France - Fanny Bouvard
    Les cinq libraires mobilisés ont aussi été surpris de découvrir la solidarité s'organiser autour d'eux. "Des restaurateurs de la galerie nous ont apporté des repas, des passants viennent nous saluer ou laissent un mot sur la vitrine, et puis les syndicalistes et politiques locaux viennent nous voir aussi, détaille Delphine. Ca fait chaud au coeur!"
    Mais pour l'instant, les ex-employés tourangeaux n'ont pas eu de nouvelles de la direction. Prochaine réunion entre syndicats et directionle 24 février prochain. D'ici là, ils sont bien décidés à ne pas quitter les lieux.