vendredi 16 décembre 2011

Rien ne s'oppose à la Nuit

Fort du succès en librairie du roman de Delphine de Vigan, j'ai attendu et attendu pour le lire. Et à vrai dire, ce livre me laisse dans une zone d'inconfort. Je l'ai mangé, presque d'une traite à cause de sa grande accessibilité, peut-être par voyeurisme mais  aussi par désir d'en connaître l'issue. L'auteure évoque sa propre histoire, récit d'une famille peu commune, à la fois fascinante et meurtrie par des morts successives. Mais, Delphine de Vigan raconte surtout sa mère Lucile, personnage fantasque, mystérieux, noir et bipolaire. Malgré cet appétit vorace, cette autofiction m'est apparue comme un témoignage factuel, didactique, sans aucune fluidité bien que le personnage de Lucile m'aie  happé... Le début des années 70, lorsqu'elle s'émancipe et la troisième et dernière partie, m'ont semblé les plus intéressantes, sans doute pour sa qualité plus littéraire, une expression plus profonde de l'implication de l'écrivain, qui restait jusque là plus ou moins à distance.
Je comprends le succès de ce livre mais ne le cautionne pas.

Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan éd. Lattès 19 €

dimanche 23 octobre 2011

Strip Tease Anglais

Après avoir désincarné la reine d'Angleterre dans la Reine des lectrices, cette fois, Alan Bennett déshabille les époux Ransome. Comme dans son précédent roman, un élément perturbateur va chambouler le quotidien, que dis-je, la vie, de ce couple figé dans les convenances, le conformisme bourgeois. Les époux Ransome se font cambrioler, tout mais tout, jusqu'au papier toilette. Bennett traque le détail, l'anecdote qui fait que lecteur va se prendre au jeu. Monsieur cherche le coupable tandis que Madame va devoir composer et même peut-être se révéler sous un autre jour. Voici un satire sociale, une caricature de ce couple dont les certitudes et les petits arrangements vont être mis à mal ! Un court roman absolument grinçant et distrayant pour les amoureux de l'humour anglais et les autres bien-sûr !


La mise à nu des époux Ransome, Alan Bennett éd. Folio 4,10 €
La reine des lectrices, éd. Folio 4,10 €

dimanche 2 octobre 2011

Nouveauté d'Octobre chez PICCOLO

Nouveautés d'Octobre en 10/18

En Angleterre, une famille bourgeoise repliée sur elle-même et sur son faste d'antan, voit son domaine partir en décrépitude en même temps que d'étranges phénomènes apparaissent. La maison va exhorter les faiblesses de ses occupants et les tourmenter jusqu’à la folie.

Ce roman admirable m'a enthousiasmé grâce à une narration époustouflante -au lecteur de choisir entre roman noir, psychologique, fantastique ou études des moeurs- où les sentiments d'étrangeté, de peur et d'angoisse vous cueillent violemment. Amoureux des maisons hantées et des secrets de famille, ce roman gothique vous ira comme un gant !
UN GROS COUP DE COEUR POUR CE LIVRE ENTÊTANT, DANS LA LIGNÉE DES OEUVRES DE COLLINS (LA DAME EN BLANC) ET D'EDGAR ALLAN POE !



dimanche 25 septembre 2011

Irlande, Enchanteresse et Bien-Aimée



"Je le vois marcher près de la mine de plomb, pointant du doigt ses cheminées. Je gravis sa spirale dans le chaos d'une tornade, battue par le feuillage mouillé, et j'entends ses murmures, ses enjôlements. Sifflets et coups de sirène lointains des remorquers sur l'East River. Je me métamorphose en cité, mon corps est une carte, ses capillaires des ruelles, mon coeur, c'est Times Square. La nuit dernière j'ai rêvé que j'étais un livre d'histoires aux pages non coupées. Un pauvre bouquin que nul n'ouvrait."


Irlande. Début du XXème siècle. Muse raconte un amour passionnel entre l'actrice Molly Allgood et le dramaturge John Milligton Synge. Deux êtres aux tempéraments opposés, l'un fougueux, l'autre fragile et acharné de labeur. Au delà de cette histoire passionnante, Joseph O'Connor rend compte de l'atmosphère artistique et populaire qui règne au début du siècle, à Dublin. On y trouve le théâtre de l'Abbaye, concentrateur d'une émulation qui révèle des acteurs talentueux ainsi que des auteurs tels que William Butler Yeats. 
Grâce à un va-et-vient chronologique et formelle, écho de l'âme  bouillonnante et usée de Molly devenue vieille et alcoolique, cette passion tragique est magnifiée. Elle me fait penser  à l'histoire de John Keats et Fanny Brawne, qui rappelez-vous, était si bien adaptée par Jane Campion, dans le très élégant Bright Star.
Une littérature exigeante, sans compromis qui ravira toutes les lecteurs et lectrices avides d'idéalisme. Un style poétique pour un auteur faisant une déclaration d'amour à sa patrie.
UNE OEUVRE LUMINEUSE ET EXIGEANTE. 


Muse, Joseph O'Connor éd. Phébus 19 €
Inishowen, Joseph O'Connor éd. Libretto 11,90 €

lundi 19 septembre 2011

Y a d'la Rumba dans l'Air !

A la manière de Chaplin ou de Laurel et Hardy, les films de Dominique Abel et de Fiona Gordon me transportent et m'enchantent parce qu'ils réunissent tout ce que j'aime à savoir le burlesque, le clownesque, l'absurde, le langage corporel, l'économie des mots, l'amertume, la fraîcheur et la poésie, toujours la poésie. J'en redemande, encore et encore.
La fée, réalisé par Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy (en ce moment sur vos écrans) est un film décalé et inventif. Courrez découvrir cette fantaisie belge, sucrée et acidulée.