mardi 3 avril 2012

"Ecrire, Boire, Survivre"

"J'écris sur la folie et la mort. J'écris pour la survie de mon coeur. Je suis fasciné par le miracle de la condition humaine dans lequel, comme tout le monde, je suis embarqué. Mes héros sont des personnages réels qui ont du mal à trouver leur place sur cette planète. Une planète où le conformisme est devenu une maladie aussi grave que le cancer. Deux citations de Franz Kafka ont influencé mon travail : un bon livre doit "nous réveiller d'un coup de poing sur le crâne" et "un livre doit être une hache dans la mer gelée qui est en nous".

Je viens de dévorer Dommages collatéraux de Dan Fante. Ce livre est une autobiographie non conventionnelle, un récit écrit au couteau, par le descendant direct de ce grand auteur qu'est John Fante, père spirituel des auteurs de la Beat Generation et de Bukowski. Ici, le fils, Dan, nous raconte les mémoires de la famille Fante, famille italienne émigrée aux Etats-Unis, au début du XXème siècle. Un langage cru pour une vie faite de violence, d'alcoolisme, de drogue mais surtout de littérature. Un texte sorti des tripes, avec un traitement hérité de John Fante à savoir cynique, moderne, noir, irrévérencieux, juste et humble. 
Des mémoires fascinantes et des auteurs trop peu connus à découvrir ou redécouvrir.


Dommages collatéraux, l'héritage de John Fante, Dan Fante éd. 13e Note 19,50 €
Le père (tous ses romans sont disponibles en 10/18)
Mon chien stupide, John Fante (de loin, mon préféré)
Demande à la poussière, John Fante
Bandini, John Fante
La route de Los Angeles, John Fante
Le vin de la jeunesse, John Fante
Les compagnons de la grappe, John Fante 

Le fils (tous ses romans sont désormais disponibles chez 13e Note)
Rien dans les poches, Dan Fante
Limousines blanches et blondes platine (très très bon)
De l'alcool dur et du génie, Dan Fante
Régime sec (nouvelles absolument géniales)

lundi 2 avril 2012

La Bohème

The long leg, Edward Hopper
Photographie de Povincetown - Cape Cod

"Pourquoi reste-t-on amoureux ? L'amour en tant que sentiment est si crucial pour notre espèce qu'il en est excessif, comme les douleurs de l'enfantement. L'amour longue durée est un acte de volonté. Un jeu pour gentleman."


C'est ici le récit météorologique d'un amour somme toute banal. Dans un décor idyllique, à Cape Cod, Maytree, poète et charpentier, séduit Lou, solitaire et taciturne. Ils se marient et de leur amour unique, fusionnel, naît le petit Paul. Les jours coulent tendrement, mais le temps pèse, cette douceur de vivre est mis à mal. Ainsi va la vie...
Un roman lumineux, très poétique où la nature a la plus grande importance. L'auteure distille son grand talent et des fragments autobiographiques pour restituer un roman d'une extrême beauté. Elle maitrise parfaitement cet exercice, tant dans la construction que dans le travail des personnages, et porte une profonde réflexion sur l'amour, comment aimer durablement ? 
J'ai aimé ce roman car on sent la filiation avec Thoreau et on en sort différent, ressourcé par ce rythme lent donné par les personnages, leur sagesse, leur folie, l'immersion dans ce milieu d'artistes anti-conformistes. Et Cape Cod... ah Cape Cod... et son charme démodé. 
Un livre qui suspend le temps, raffiné, poétique et lumineux.


L'amour des Maytree, Annie Dillard éd. Christian Bourgois 25 €