dimanche 24 juillet 2011

Désolations et Drame en Alaska

Définition Désolation : profonde affliction, grande peine.
définition Désolé : attristé, peiné.

"Au petit matin, le vent se leva. Encore noir, dehors. Elle (Irène) resta étendue sur le dos. Elle ne cherchait plus le sommeil. Laissait juste la douleur lui marteler le crâne, s'y laissait flotter, sentait les larmes couler de ses yeux mais n'y attachait aucune émotion particulière. Une sensation globale de tristesse, ou de désespoir, de vide, mais pas ce qu'on pourrait appeler un sentiment. Trop fatiguée pour cela. Attendre que la lumière soit, que la journée commence pour pouvoir enfin se lever et s'activer. Faire quelque chose pour passer le temps."


En Alaska, Gary tente de s'approcher de sa quête d'absolu en construisant une cabane en bois, sur une île, dans la péninsule de Kenai. Sa femme Irène, le suit dans son projet, sans enthousiasme, écrasée par des maux de tête qui la rendent apathique. Au fur et à mesure de l'avancée des travaux, le couple s'effrite, se reprochant mutuellement leurs vies désolantes, faites de frustrations et de non-dits. 
Dans ce huis-clos à l'atmosphère glaciale, Rhoda, leur fille spectatrice de ce délitement, se rassure du mieux qu'elle peut dans sa relation avec Jim. Leur fils Mark, quant a lui, s'exclut de cette famille,  en vivant en éternel adolescent, lointain et fuyant. Ressentiment, rancoeur et désespoir assaillent ces personnages ancrés dans leurs tourments jusqu'à tomber pour l'un d'entre-eux, dans la folie. Là encore, la construction est admirable, la tension monte lentement et progressivement, la description de cet isolement dans un espace rude et inhospitalier noircit l'intrigue et la psychologie des personnages. Pas de possible embellie pour ces personnages qui trimballent leur peine.
Vous l'aurez bien compris, David Vann nous offre une pépite noire, un ouvrage très sombre, entrecoupé de chapitres plus divertissants -le récit de voyage de pêcheurs ou les parties de jambes en l'air de Jim- où se côtoient les thèmes chers à l'auteur à savoir la solitude, la famille synonyme d'insécurité, la nature extrêmement présente, dominatrice et sauvage. David Vann signe là encore un très grand roman.
J'avais peur d'être déçue par ce nouvel opus vu l'admiration que je porte à Sukkwan Island. Mais Désolations est pour moi, un autre chef-d'oeuvre, certes sans prise de risques, mais tout aussi remarquable. J'ai adoré Désolations et si vous aussi, vous avez aimé Sukkwand Island, vous allez certainement dévoré Désolations, un des livres de la rentrée dont on parlera. Pour moi, la lecture de ces deux ouvrages place leur auteur dans la liste des auteurs phares du XXIe siècle.





Ce qu'en dit la presse : 

Tout ce qui a fait de Sukkwan Island un ouvrage si puissant et si justement encensé se trouve ici plus dense et plus profond... Portraits de vies déçues et de rêves brisés, Désolations est plus intense encore que le dernier ouvrage de Jonathan Franzen qui, en comparaison, ressemble à un soap opera.  
The Times
Désolations explore des territoires qu'aucun autre roman ne parvient à effleurer. Avec l'exactitude magnifique de sa prose, son regard infaillible pour le détail, David Vann nous transporte en un endroit plus profond, plus originel, bien plus éblouissant de vérité que le monde éclairé par le soleil.
The New York Time Book Review

Boulversant, puissant...Poser ce livre pourrait vous épargner, mais il vous sera impossible d'en arrêter la lecture, tout comme il vous sera impossible d'en refuser la vérité.
Los Angeles Time


Désolations, David Vann éd. Gallmeister 23 € (Parution le 25/08/2011)
Sukkwan Island, David Vann éd. Gallmeister coll. Totem 8 € (Parution le 25/08/2011)

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