lundi 23 mai 2011

Un été Américain

Mia, poétesse new-yorkaise, en pleine crise conjugale, son mari, éminent scientifique désirant faire une pause (la pause est une collègue) trouve refuge auprès de sa mère, dans le Minnesota. Dès lors, elle rencontre les amies octogénaires de sa mère non moins surprenantes par leur vivacité, approche un groupe d'adolescentes impétueuses par le truchement d'un cours de poésie et découvre sa voisine Lola avec son armada de chérubins.
Le récit qui s'articule autour de la figure emblématique de Mia incarne l'intelligence, la folie, le féminisme, l'ironie et la sagacité. Celle-ci est un prétexte à différentes réflexions portées sur les femmes en général, la conscience de soi, les processus de l'inconscient, sur la littérature. J'ai le plaisir de vous offrir un passage concernant Jane Austen :

"Le samedi à cinq heures de l'après-midi, le club de lecture de Rolling Meadows se réunit dans la bibliothèque autour de petits sandwichs et de verre de vin plus petits encore afin de discuter de la romancière Jane Austen, auteur de Persuasion, observatrice ironique et disséqueuse précise des sentiments humains, styliste céleste, et auteur qui régla leur compte aux moines pervers mais conserva sa propre conception de la vertu récompensée. Aimée autant que détestée, elle a maintenu ses critiques en haleine. "Une bonne bibliothèque est une bibliothèque qui ne contient pas d'ouvrage de Jane Austen, a dit Mark Twain, enfant chéri de la littérature américaine, même si elle ne contient aucun autre livre." Carlyle qualifiait ses livres de "triste camelote". Aujourd'hui encore, on lui reproche d'être "étroite" et "claustrophobe", et on relègue au statut d'écrivain pour les femmes. la vie en province, indigne d'observation ? Les douleurs des femmes, sans importance ? ça peut aller quand c'est Flaubert, bien entendu. Pitié pour les idiots."

Ce livre est un objet de plaisir, on se sent bien entre femmes, comme enveloppé dans sa couette un matin d'hiver. D'une richesse et d'une érudition enivrantes. Un livre cocooning, d'une qualité irréprochable qui m'a permis de faire une belle rencontre, celle de Mia  mais également celle de Siri Hustvedt, la femme de Paul Auster.
Ce livre élève notre âme. Intense, intime, pénétrant, inclassable et inoubliable !




Un été sans les hommes, Siri Hustvedt, éd. Actes Sud 18 €
La femme qui tremble, éd. Actes Sud 22 €
Tout ce que j'aimais, éd. Babel 9,50 €

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