dimanche 12 juin 2011

Une histoire de Femme de Chambre, ça vous Dit ?

Actualité oblige, j'ai décidé de vous faire partager ma lecture de Femme de chambre, de l'auteur allemand Markus Orths.
Lynn sort d'un séjour dans un établissement où elle a subi plusieurs thérapies, sans que nous sachions précisément pourquoi. Ce qui est sûr, c'est que Lynn a un fort penchant pour la propreté : récurer, astiquer, brosser, dépoussiérer, aspirer, de manière clinique. Elle va trouver un travail en accord avec ses manies : femme de chambre. Mais la solitude, la maniaquerie obsessionnelle, peut-être son autisme, vont l'attirer vers une étrange addiction à savoir ausculter les objets laissés, en faire une analyse méthodique pour révéler les habitudes et la part d'ombre des clients. Jusqu'au jour où surprise, enfilant une chemise, elle se cache sous le lit. Il va en être ainsi chaque mardi, Lynn s'immiscera dans la vie privée des gens, pour vivre la vie des autres, elle qui n'en a pas.
A tout moment, à la lecture de plus en plus avancée de ce roman, je tremblais pour Lynn de peur qu'elle ne soit découverte par l'un ou l'une des clients. Ceci s'explique sûrement par la mise en abîme du récit : Lynn vient faire intrusion dans la vie d'inconnus, curiosité mal placée  dans laquelle le lecteur lui aussi s'inscrit, en empathie avec la protagoniste. Le lecteur se trouve du coup, mal à l'aise, dans une position de spectateur et plus encore de voyeur, rentrant ainsi dans l'intimité des  clients de l'hôtel.
Le style quant à lui, qui se veut abrupte et froid semble détourné par l'intrusion d'un personnage doté d'une émanation toute érotique, qui plonge le lecteur dans une espèce de torpeur. Il faut absolument lire Femme de chambre, un ouvrage troublant, sensuel et psychologique dont le thème principal demeure la perte de liens avec le monde qui nous entoure. 
Un très bon roman.


Femme de Chambre, Markus Orths, éd. Piccolo 7 €

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