samedi 26 mars 2011

Ciel Nuageux en Angleterre



Je viens de finir le dernier roman de Ian McEwan qui s'intitule Solaire. Quelle horrible déception ! C'est un roman trop sophistiqué,  sans surprise, guindé et froid, sans fantaisie, dénué de toute saveur. Mais je vais quand même vous raconter, chers lecteurs et chères lectrices, de quoi il retourne.
Michael Beard, la cinquantaine a obtenu il y a quelques années le prix de Nobel de physique. Se reposant sur ses acquis, il mène une vie de faussaire en substituant à un jeune ingénieur  un projet utilisant le photovoltaïque pour fournir aux anglais, une énergie propre alors que ce secteur l'indiffère. Sa vie sentimentale semble tout aussi fluctuante, jaloux et infidèle, Beard cumule les divorces. Un anti-héros sympathique par certains côtés, car ridicule dans quelques situations cocasses, et par d'autres côtés, désobligeant pour son arrogance et son narcissisme. Un peu à l'image de son génial créateur qui pour ce roman, tombe dans un bavardage à mourir d'ennui, sur un sujet qui nous intéresse sans doute tous, les énergies renouvelables, l'avenir de notre planète, etc... mais qui semble trop répétitif et trop spécifique. Bon, ce personnage n'a que faire de ce catastrophisme ambiant,  maudit la surenchère du discours écologique : à contre-courant, c'est cynique et c'est tant mieux. Voici, un passage :


"Et il (Beard) ne se laissait pas impressionner par certains commentaires délirants selon lesquels le monde serait en "péril", l'humanité courrait à sa perte, les villes côtières disparaîtraient sous les vagues, les récoltes diminueraient, et des centaine de millions de réfugiés erreraient d'un pays ou d'un continent à l'autre, chassés par la sécheresse, les inondations, la famine, les cyclones, les guerres incessantes causées par la diminution des ressources. Cet écho des fléaux de l'Ancien Testament, avec ses pestes et ses pluies de grenouilles, illustrait une profonde tendance, réactivée au fil des siècles, à croire que la planète vivait ses derniers jours, que la fin de chacun était liée de manière imminente à celle du monde, ce qui la chargeait de sens, ou la rendait un peu moins absurde. L'apocalypse n'était jamais pour aujourd'hui, où l'on aurait pu démasquer l'imposture, mais toujours pour demain et, quand elle n'arrivait pas, une nouvelle menace, une nouvelle date avaient tôt fait de la remplacer. Le vieux monde purifié par une violence incendiaire, lavé dans le sang des pécheurs, telle était la vision des sectes chrétiennes millénaristes : mort aux infidèles ! Celle, aussi, des communistes soviétiques : mort aux koulaks ! Et celles des nazis pour le Reich millénaire : mort aux juifs ! Et, enfin, l'équivalent démocratique contemporain, la guerre nucléaire planétaire : mort au monde entier ! Quand celle-ci n'eut pas lieu, après l'effondrement de l'empire soviétique dévoré par ses contradictions internes, et en l'absence de problème d'envergure autre qu'une pauvreté mondiale, irrémédiable et ennuyeuse, la tendance apocalyptique accoucha d'un nouveau monstre." 


Mais quand, le discours universitaire domine, l'érudition fuse, on s'emmerde ! McEwan est dans la démonstration de son immense talent et devrait être plus humble ! Cette satire féroce du milieu universitaire scientifique, pompeux et hiérarchisé incarné à travers le personnage de Beard, m'a plongé dans une extrême lassitude. A vous de juger...
Préférez le plus drôle et le plus pertinent livre de Jonathan Coe, autre grand auteur  anglais qui a pour titre, La vie très privée de M. Sim, éd. Gallimard 22 €


Solaire, Ian McEwan, éd. Gallimard 21,50 €


Vous aimerez peut-être : 
Les guerres du climat Pourquoi on tue au XXIe siècle, Harald Welzer (traduit de l'allemand), éd. NRF Essais Gallimard 24,50 € ou comment l'humanité s'effondrera à cause de la pénurie des ressources, des droits de l'eau, des conflits violents liés au climat.

L'écologie en bas de chez moi, Igor Gran, éd. P.O.L 15,50 €, un pamphlet sur les dérives marketing du discours sur l'écologie. Je vous donne un avant-goût en citant l'auteur, dans une note de bas de page : "Rappelons que dans sa vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar. Etonnante reconversion. Les voies du gazole sont impénétrables".

1 commentaire:

  1. Et voilà un commentaire ! J'avais aimé d'autres romans de Mac Ewan, j'ai don tenté la lecture de celui-ci, mais je suis restée bloquée, trop de froideur, beaucoup trop. Sinon, j'adore Les saison de la nuit !

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